Édito : Merci Florent

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Les mauvaises fins de belles histoires n’embrasent jamais le registre des souvenirs. Tu es parti sourire aux lèvres nous remerciant du soutien que tu nous avait demandé à ton arrivée. La page se tourne, un cycle s’arrête, mais on ne saurait se mentir sur ce que tu laisse derrière toi.

Thank you Mister Florent Ibenge !

Tout d’abord, nous voulons te dire merci d’avoir accepté ce challenge, pendant un moment critique, où tout le monde sauf personne, doutait de l’avenir irridiant d’une sélection à l’époque n’existant que de nom. Ce fut un signe de courage, l’expression de patriotisme, car on ne sert pas son pays que quand tout va bien, quand les conditions transpirent l’optimum.

C’était au cours d’un mois comme celui-ci, mais en 2014, que tu acceptas volontiers de conduire la destinée de la sélection congolaise, sans exiger le même traitement que tes prédécesseurs blancs, des vrais loosers. Qui pour croire en toi ? Tes performances à l’ASV n’étaient insuffisantes pour persuader un peuple aussi exigeant que celui-ci. Même ton employeur FECOFA ne croyait pas en toi, il t’a à priori choisi comme adjoint pour assurer l’intérim en attendant un frenchie qui proviendrait du vieux continent. Tu as été le seul à croire en toi. Et quand démarra l’aventure, le dernier des pessimistes se convertit.

Deuxièmement, nous voulons te dire pour tous les moments qu’on a vécus ensemble. Merci FI pour les belles soirées que tu as fait passer la nation. Il y en a eu les moins bonnes aussi, mais nous ne retiendrons que le meilleur de tout ça. Nous avons partagé joie et tristesse, bonheur et désillusion, nous avons vacillé entre l’espoir et le doute, nous avons économisé nos émotions, nous avons accepté l’austérité pour des résultats qui à la fin, créaient de la ferveur, de l’euphorie dans nos vies accablées par des problèmes socio-économiques. Durant cinq ans, il n’y a pas que des victoires qui nous ont fait sur sauter, également la manière de les acquérir.

Merci Florent pour ce soir du 8 février 2015, lors d’un match de quart de finale de Coupe d’Afrique, face à un adversaire contre qui, on s’est interdit de perdre, le Congo-Brazzaville, de ton prédécesseur Claude Le Roy. Ce match restera à tout jamais gravé dans les annales de la CAF et plus encore, dans la mémoire des congolais. Menés par deux zéro jusqu’à à la 65 minute, ton équipe, oui tes Léopards, remontèrent la pente, pour l’emporter (2-4). Une remontada improbable, invraisemblable, atypique et simplement historique. Le Congo tout entier exulta, et scanda en pleine effervescence « Ibenge Coacher, Coacher, Coacher, Ibenge Coacher ». De Matonge à Kinshasa en passant par Kamalondo à Lubumbashi, Ndesha à Kananga, Karisimbi à Goma, les congolais communièrent autour de cette victoire, qui leur redonnait la fierté de l’être.

Merci Florent pour ce cadeau inespéré réalisé toujours en Guinée-Hispanophone, pays de tes premiers exploits. Tu y conduisit ta troupe pour apprendre, mais elle revint au pays avec une médaille de bronze, arrachée entre les griffes du pays hôte. Ce fut la dernière soirée du légendaire Robert Kidiaba. Faut-il rappeler que dix sept ans avant toi que, le Congo n’avait occupé une telle place.

Troisièmement, nous voulons te dire merci pour le travail. C’est peut-être le plus important. Le travail ! Tu as déclenché une ère et bâtie une équipe qu’on a rarement vue. Peut-être que sans toi, on aurait jamais connu Cédric Bakambu comme international congolais. Neeskens Kebano l’a si bien reconnu. Paul-José Mpoku, Marcel Tisserand, Chadrac Akolo, Britt Assombalonga, Benik Afobe , Jordan Ikoko, Arthur Masuaku, Jordan Botaka, Joël Kissumbua, sont des noms que nous mettons à ton compte. Au milieu d’un système tout pourri, tu as su créer de l’engouement, de l’attraction autour de la sélection, au point que les sceptiques d’hier sont aujourd’hui devenus plus patriotes que ceux qui se réclament légitimement. Florent, tu as merveilleusement fait flotter le drapeau de ton pays par ton travail. Nous sommes partis d’une minable place au classement FIFA, à la cinquième, quatrième, et même troisième. Anecdotique pour les plus durs, mais il va falloir simplement les aider à comprendre que c’est grâce à cela que, le Congo est à nos jours classé dans le chapeau 1 du tirage, et exempté de certaines étapes éliminatoires.

Quatrièmement, nous te disons merci pour le CHAN. Nous l’avions déjà gagné avant toi, le tien est différent et important. Il se disputait entre seize nations, en 2016 et au Ruanda voisin, pays auquel nous sommes liés par un passé et un présent sulfureux. La victoire finale sur cette terre là était plus qu’un symbole, une consolation par le football de tous les actes inhumains que subissent nos frères, sœurs et mères de l’est du pays. C’est ici l’occasion de te dire merci de nous avoir révélé Elia Meschack, aujourd’hui un des hommes forts de l’équipe senior.

Cinquièmement, nous voulons te dire merci pour le rêve du mondial russe, malheureusement avorté à quelques mètres près. On en gardera certes tous les regrets du monde, en même temps, on se souviendra qu’on a jamais été aussi proches. Il y avait de l’enthousiasme, de l’envie, et un sens de sacrifice. Seul Paul-José Mpoku nous dira ce qui se serait passé dans sa vie et au pays, si son coup-franc dans les derniers instants, était allé au fond de filet tunisien. Nous l’avons raté de peu, et nous avons surtout ressuscité nos espoirs et accru nos chances d’y être un jour. Nous te disons merci pour cela Florent. Mais si tu étais parti après cet échec honorable, personne ne t’aurait enfoncé dans l’abîme. Nous ne te condamnons pas à ce sujet, car les personnes qui trépignent d’envie de gagner n’abdiquent jamais, facilement.

Nous te disons merci Florent pour tes cinq ans pleins à la tête de l’équipe nationale. Pendant que nous te disons merci, nous te demandons aussi pardon. Pardon pour toutes les critiques proférées sur ton travail et ta personne. Tu ne vas nous en vouloir, nous l’espérons. C’est la rigueur impitoyable du football qui qu’il faut condamner. À un moment, on aurait pu faire preuve d’un peu de gratitude à ton égard, mais le métier qui te passionne, celui que tu as choisi, ramène toujours aux résultats, la base de toute évaluation.

Tu as vécu en Europe Florent et tu es celui qui apprécie copier des bons exemples. Tu le sais mieux que nous, lorsqu’il n’y a carence des résultats chez eux, les responsables démissionnent. Tu nous as démontrés sur les derniers matchs que tes inspirations avaient atteint leurs limites, ce qui arrive dans la vie de tout humain. Alors ce n’est pas de notre faute que nous te l’ayons demandé. L’on reconnait que ç’a été parfois de manière à vous briser le cœur. Nous voudrions que vous sachiez que c’était à cause de bien de choses incomprises, nous n’avons jamais compris pourquoi vous avez torpillé vos propores critères de sélection ? Pourquoi avez-vous si souvent convoqué des joueurs moins performants en clubs ? Pourquoi pendant cinq ans vous n’avez pas eu d’équipe type ni d’identité de jeu ? Pourquoi votre équipe jouait souvent de manière presque désorganisée, sans une belle animation au milieu (absence de meneur de jeu) ? Pourquoi tu n’as pas gagné que deux matchs face aux nations du big ten africain (Côte d’Ivoire, Maroc) ? Pourquoi pendant cinq ans tu as accepté cette double responsabilité (ASV-RDC) ? Ce n’est pas le moment de répondre, nous sommes confiants que tu nous le diras un jour.

L’heure est belle pour nous, de te demander pardon pour tout ce que tu n’as apprécié de nous, puisque nous-mêmes, ne retiendrons rien contre toi. Tu as été bon homme, loyal, d’un fort caractère, nous t’avons tous applaudi, vénéré tes exploits, avec raison. Toutes les conditions n’étaient pas réunies c’est vrai, entre salaire modeste irrégulier et attitude déplacée de certains dirigeants de notre football, tu as su tenir, pas pour faire plaisir aux individus mais pour tes convictions et au nom de ton amour pour la nation. Il y a un nouveau vent que tu as soufflé sur le football congolais, nous t’en serons infiniment reconnaissants. C’est ce qu’on attend d’ailleurs de ton successeur, car nous te promettons Florent, nous serons si durs avec lui que nous ne l’avons été avec toi, de surcroît s’il touche une grosse enveloppe que toi.

Pour finir, nous te disons merci tout le service rendu, trouve au travers ces quelques lignes, l’expression de notre gratitude la plus sincère. Il y a eu des bonnes choses et des moins bonnes, comme vous l’avez reconnu vous-mêmes à l’heure de votre départ, en dépit de tout, t’avoir connu comme reste un sentiment indescriptible.

Bonne chance Ya Flo, bonne chance Coach Android, bonne chance FI et que la suite de votre carrière soit toute aussi rose que celle de l’équipe nationale que tu viens de laisser, on le souhaite bien. Vous partez sans pression, et vous n’avez pas à avoir honte de vous, ni de ce que vous avez fait. Nous ne retiendrons que le meilleur de ce quinquennat.

Isaac B’ampendee/Footrdc.com

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