Mai 2022, Fifi Masuka est portée à la tête d’un des clubs les plus populaires du Lualaba. La nouvelle présidente de l’Association Sportive Simba est au plus haut sommet du club au terme d’une élection à la soviétique. Femme politique dont la renommée n’a plus de limite, Masuka débarque pour panser les plaies des cœurs endoloris par des résultats maigrichons d’un club dont le rêve de caresser le sommet du championnat national est perçue comme une obsession, un graal. Les premiers pas de Fifi Masuka sont signe d’un espoir retrouvé. Dette épongées, arriérés payés, FMS veut d’un Simba « bling-bling », loin d’un passé hideux.
Au fil du temps, à Simba l’ère Masuka est loin d’être la période de l’apogée du club de la partie sud-est de la République Démocratique du Congo. Entre promesses de campagne non tenues et des résultats loin de toute attente, le mandat de Fifi Masuka à l’Association Sportive Simba est un curieux mélange d’espoir et de désespoir ; un récit d’une multitude de projets, de fantasmes d’un peuple habité par les souffrances les plus inimaginables et des rêves souvent décevants. Sous FIMAS, Simba s’est offert un matelas de confort dans un monde intermédiaire où se mêlent rêverie et réalité.
L’espoir déçu
Aussitôt pris ses quartiers, Fifi Masuka a prêché sa vision aux supporters. La nouvelle présidente apporte une thérapie de choc pourra soigner un club dans une agonie en phase terminale. Un entraîneur français, Gilles Hugon débarque en au sein du club, l’ancien préparateur physique du TP Mazembe, Alex Coppolani aussi. Masuka n’est pas peu fière de sa vision. « C’est une lumière qui vient de s’allumer pour notre équipe de Simba. Je suis sûre que quand il y a la lumière, il y a toujours du sourire. J’ai confiance ! », disait-elle quelques mois après son élection.
Plus les jours passent, plus l’obscurité dans laquelle l’Association Sportive Simba s’engouffre rivalise d’ardeur avec celle des profondeurs sous-marines. La flamme de l’espoir est consumée par le désespoir. Sur le plan sportif, les belles promesses n’ont pas trouvé une terre arable sur laquelle fleurir. La dernière sur la liste des promesses, la réhabilitation du terrain d’entraînement du club. « Nous sommes venus avec le vice-président du club pour visiter notre terrain. Dans deux semaines, les travaux vont débuter ici. Nous allons délimiter le terrain en vue de la pose de la pelouse synthétique », disait le Président de la Coordination des supporters au terme de la visite du 4 juin 2024. Depuis, même pas l’ombre d’une pelouse n’est aperçue sur le lieu.
L’intérêt d’avoir un centre d’entraînement n’est pas nouveau. Dès sa prise des fonctions, Masuka en a fait sa priorité. Ce fût le 5ème point du projet présenté en juillet 2022. Deux années plus tard, les promesses fanent comme des fleurs roses dépourvues du meilleur soin d’un jardinier réputé. Même cette dernière promesse a rejoint la boîte aux lettres des indomptables illusions.
Le désespoir jusqu’à la lie
La carrière politique de Fifi Masuka est un tableau où gloire et distinction se bousculent mais, celle sportive est loin de connaître le même mérite. Deux ans après sa prise de fonction, l’Association Sportive Simba n’a toujours pas atteint le bonheur auquel il aspire. Les années se suivent et se ressemblent presque. Le recrutement à la hauteur des ambitions du club n’a toujours pas encore eu. Les entraîneurs font avec les moyens du bord.
Cette saison, Simba est revenu à la hideur de ses plaies. Malgré le mouvement important des joueurs pendant la présaison, seuls 11 peuvent être alignés. Sur le plan administratif, le chantier est immense. Le 05 octobre 2024, pour la réception de Sanga Balende au stade Dominique Diur, les Kamikazes n’avaient que 9 joueurs de champs, un gardien aligné et un autre sur le banc. La réalité est en inadéquation avec les promesses qui font croire aux supporters que le paradis n’est pas perdu. Sous Masuka, l’Association Sportive Simba est loin de s’affranchir de l’abîme du désespoir.
Marco Emery Momo