Interview : Daoula Lupembe, coach de la surprenante JS Bazano raconte tout à Footrdc

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Le patron du staff technique de la JS Bazano, a reçu Footrdc.com, ce jeudi 11 octobre, dans son domicile de Lubumbashi. Celui qui réalise un début de saison canon avec les Lumpas, s’est confié à votre rédaction, et a répondu à toute les questions liées à l’actualité du club dont entraîneur.

Voici une partie de cet entretien.

Foot RDC : Bonjour Coach Daoula Lupembe et merci de nous accorder cet entretien. Vous revenez fraîchement d’une séance d’entraînement avec votre équipe. Peut-on savoir comment vous vous portez ?

Daouda Lupembe : Tout d’abord, je vous dis merci d’être venus me voir, pour cette opportunité que vous m’offrez. Je suis bien portant par la grâce de l’Éternel, en dépit de la fatigue. De façon générale, je suis bien, il n’y a pas de souci sur le plan de la santé.

FR : Parlons un peu de vous, vous êtes parti de Kinshasa où vous entrainiez le FC Renaissance, pour chuter à la JS Bazano la saison passée presque dans l’anonymat. Quelle a été votre motivation ?

DL : Il n’y a vraiment pas une raison spécifique. J’étais effectivement chez les Oranges de Kinshasa, mon contrat a été résilié.  Après je suis resté chez moi en attendant autre chose. À l’époque et même actuellement, je suis directeur technique de Réal de Kinshasa qui joue la D2. Je m’occupais calmement de cette équipe, j’élaborais le programme, parfois, s’il n’y avait pas d’entraîneur, je me substituais en cela. Puis un jour, j’ai reçu un coup de fil, venant de Lubumbashi, me proposant de venir à la JS Bazano. On a pris langue avec les dirigeants, la saison dernière était en cours, on s’est mis d’accord sur un certain nombre de principes. C’est ainsi que je suis venu à Lubumbashi, c’est dans le cadre de notre boulot, en tant que technicien pour apporter ce que nous pouvions l’année passée et voir si nous pouvions renouveler cette saison, et voilà on l’a fait.

FR : La saison dernière, vous avez lutté avec vos armes pour que le club ne soit relégué, ce qui a été fait. Aujourd’hui l’équipe est totalement métamorphosée, vous jouez autrement, et vous gagnez pas mal de matchs, jusque-là. Pouvez-vous nous en donner le secret ?

DL : En fait, il s’agit d’un secret de polichinelle. Tout le monde le sait mais parfois, on en tient pas compte, le secret c’est le travail. Comme vous l’avez dit, la saison passée, nous sommes arrivés, nous avons trouvé un travail fait par des collègues. Il fallait continuer parce que le résultat n’était pas au rendez-vous. On a hérité de tout ce qui était, comme préparation, recrutement, comme projet et organisation autour de l’équipe. Et nous avons réussi à maintenir l’équipe malgré les difficultés.

C’est cette saison que j’ai voulu imprimer ma philosophie dans l’équipe. Dans mon rapport technique de l’exercice passé, j’ai soumis sur la table des dirigeants, un projet, qui reprenait le programme de préparation pour cette saison avec un stage quelque part (un endroit à déterminer). J’ai également sollicité auprès de dirigeants un recrutement pour construire l’équipe par rapport à ce que je voulais. Mon projet a été validé, les dirigeants ont mis des moyens, d’abord pour le recrutement. On a essayé de chercher les jeunes gens partout en RDC ; à Kinshasa, Goma, Bukavu, Bandundu, Butembo. Après le recrutement, nous sommes allés en Zambie pour la préparation, cela nous a permis de travailler à 80% par rapport à mon programme. Aujourd’hui, nous sommes en train d’évoluer petit à petit avec le championnat en essayant de réaliser le meilleur résultat après chaque match. Il n’y a pas de secret à cacher, on a travaillé pour que la JS Bazano soit à ce niveau.

FR : À propos du championnat, vous avez successivement battu deux grands du pays, FC Lupopo et le Daring, c’est quoi le sentiment qui vous anime après ces deux triomphes ?

DL : Je ressens la joie mais pas la satisfaction. Après chaque match on fait une autocritique, pour dénicher les failles dans ce qu’on a pu réaliser sur le terrain. Jusque-là, on est content mais pas satisfait. Je le dis ainsi, parce que j’encadre les jeunes qui lorsqu’ils gagnent un match, peuvent se prendre la tête, penser que c’est fini. Nous avons 30 matchs à jouer, quand nous jouons six, nous n’avons pas remporté le championnat. Remporter la compétition ce n’est pas gagner un match, mais faire une bonne saison complète. Nous devons continuer à travailler, car, tout le monde nous regarde maintenant.

Coach Daoula Lupembe avec notre reporter Isaac B'ampendee
Coach Daoula Lupembe avec notre reporter Isaac B’ampendee

FR : Vous avez rencontré le président du club de manière particulière après les deux matchs ?

DL : Non. Le président nous a justement félicité, nous a encouragé après les matchs. Je sais qu’un c’est une joie pour les dirigeants d’aligner deux victoires contre deux grands. Après tout, c’est ce qu’ils cherchent, la satisfaction ne fut-ce que morale, ils dépensent beaucoup de moyens. Ils sont contents quand on gagne et nous, restons pas focalisés sur ce qui est fait pendant qu’il y a encore beaucoup à faire.

FR : Concernant le président, Meschack Kasongo Mabwisha, vous le côtoyez depuis près d’une année. Comment pouvez-vous le définir ?

DL : C’est parmi les braves messieurs que possède notre pays. Il se sacrifie pour les enfants d’autrui, sans un véritable intérêt, parce que Bazano ne réalise pas des transferts juteux, qu’on se le dise !  M. Meschack Kasongo Mabwisha ne ménage aucun effort pour dépenser de son propre argent au bénéfice de la JS Bazano, un vrai passionné. Le stage qu’on a fait en Zambie, faire signer des contrats à tous les joueurs qu’on a recrutés, les amener ici, les loger, les nourrir tous les jours, déplacer l’équipe, vous pouvez facilement comprendre à quel point il dépense, pour encadrer la jeunesse, et contribuer à l’avancement de notre football. C’est quelqu’un qui aime le foot, il est aux entraînements, s’intéresse à tout ce que nous faisons. Même lorsqu’il n’est pas là, il vous appelle pour savoir comment les choses tournent. En retour, nous lui devons des bons résultats, c’est tout ce qu’il attend.

FR : Vous prenez part à un championnat très compliqué, vous êtes bien conscient du niveau de l’adversité. Avec 13 points, très proche du podium, que comptez-vous faire pour tenir si longtemps qu’il le faut à un tel niveau ?

DL : À notre niveau, nous n’avons que la technique. Nous n’avons que la planification, la programmation, l’opportunité de chaque séance d’entrainement par rapport à chaque adversaire et au calendrier. Nous comptons continuer en compétiteur, nous nous entraînons tous les jours. Les matchs que nous jouons nous donnent des éléments pour les entraînements, et les entraînements les éléments pour les matchs. Nous allons travailler sur nos points forts, et améliorer ce qui n’a pas marché lors de nos précédents matchs. Il y a un adage qui dit, « si tu ne veux pas tomber brutalement, ne va très haut ». Plus on gagne, plus les gens nous situent en haut, y rester, c’est le plus grand problème. Nous ne devons pas baisser le bras. Notre effectif est trop jeune, nous serons toujours derrière eux avec un discours sérieux et juste, pour leur dire que, c’est qu’ils ont fait ne représente rien par rapport à ce qui les attend.

FR : Aujourd’hui, existe-t-il des adversaires qui vous font le plus peur en Linafoot ?

DL : Si je réponds par oui, ce serait mentir. J’ai du respect pour tout adversaire que je croise, je le considère à sa juste valeur. Avoir peur, ce n’est le sport. Car malgré l’enjeu, le sport reste un jeu. Un jeu avec des règles, tel que, vous ne pouvez pas aller au-delà de onze joueurs sur le terrain. L’adversaire aligne onze joueurs, nous aussi. Je reconnais qu’il y a de la valeur dans chaque équipe du championnat, dans Mazembe, VClub, Maniema Union, Simba, DCMP… Contre ces équipes, il faut s’attendre à tout. Nous restons concentrés parce que j’ai déjà vu une équipe première en manche aller et être dernière à la fin du championnat.

FR : Le président de la JS Bazano le dit toujours, et il l’a répété récemment, Bazano veut représenter la RDC en Coupes africaines inter-clubs, croyez-vous avoir tous les moyens pour y arriver ?

DL : Je réponds de manière globale. Aucun club ne s’engage dans une compétition pour être dernier. Tout le monde vise le sommet. Après chaque organisation fixe ces objectifs de façon explicite. En signant un contrat cette saison, on nous a demandés de finir la saison parmi les premiers, cela ne veut pour autant dire que, les autres ne travaillent pas. Nous travaillons dans notre coin, dans la logique de cette ambition. Les seuls moyens que je peux vous brandir sont humains. J’ai un staff technique, dont je suis patron, j’ai un staff médical, j’ai également des joueurs. Avec eux, nous faisons le nécessaire pour que l’équipe réalise le meilleur résultat possible, après, à la fin de la saison, on fera la sommation des bons résultats qu’on aura réalisés et on verra bien si ça nous permet d’aller en Coupes d’Afrique.

FR : N’est-ce pas une sorte de pression sur vos épaules, quand on sait que ce championnat est dominé depuis un temps par le trio TP Mazembe, AS VClub et DCMP ? Une hiérarchie vraiment difficile à renverser.

DL : Ce que vous dites est évident. Vous n’allez pas me dire qu’en Espagne, toutes les équipes se valent. Malgré tous les moyens que les autres peuvent engager mais on sait qu’il y a le Barça, il y a le Real. On ne peut ça. Au Congo aussi, c’est pareil, il y a des grands clubs à l’instar de Mazembe, VClub, DCMP, Lupopo, qui ont plus d’une fois fait une aventure africaine, la JS Bazano aucune fois. Si nous voulons renverser la hiérarchie, nous devons nous affirmer, c’est pour cela que nous sommes tous les jours aux entraînements, nous devons nous mesurer aux grands pour être grands.

FR : Une question peut être gênante Coach, et si à la fin de la saison, Bazano ne tient pas son billet pour les Inter-clubs de la CAF. Vous partirez ou non ?

DL : J’ai un contrat d’une saison renouvelable. Il y a des clauses dans ce contrat. Je ne peux pas faire des projections vers l’échec, même celles vers l’atteinte des ambitions viennent quand on joue. Je trouve prématuré de vous dire si je partirais ou non à la fin de la saison. Le contrat définit déjà des conditions pour partir ou pour rester.

FR : Merci Coach Daula Lupembe de nous avoir reçus et d’avoir répondu à nos questions. Avant de finir, un mot à tous les congolais, et à tous les fans de la JS Bazano qui vont vous lire à travers Footrdc.com

DL : Merci à vous aussi. Je dis toujours que nous (la RDC) avons une place dans le monde du foot, nous avons des valeurs et de la qualité. Il nous faut simplement du sérieux, de la bonne organisation, commençant par la base. Le Congo a un gros potentiel, si beaucoup d’hommes qui ont des moyens parviennent à investir dans ce sport, nous ne serons pas les derniers, je ne dis pas que nous serons les premiers, mais nous ne serons pas les derniers. Voilà.

Pour le reste, mes vives salutations aux dirigeants de la JS Bazano, le président Kasongo Mabwisha, le vice-président, et tout le comité. Aux membres du staff technique, aux joueurs et à tout le monde qui travaille au sein du club. Que cette année nous soit fructueuse, une année des grandes choses.

Isaac B’ampendee/Footrdc.com

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