Interview exclusive : « À la FIFA, la FECOFA a nié que je n’étais pas sélectionneur de la RDC…une négligence » Christian Nsengi Biembe

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Viré en avril 2021 pour « insuffisance de résultat », Christian Nsengi Biembe peine à voir ses arriérés de salaires honorés. Dans un entretien exclusif accordé à FootRDC et Top Congo fin mars, depuis la France où il vit, l’ancien sélectionneur a expliqué vivre mal sa situation, se sentant « déçu » de la tournure de choses et promettant de ne rien lâcher dans la procédure qu’il a engagée contre la FECOFA devant la chambre juridique de la FIFA.

Cela fait près de deux ans depuis votre départ de la sélection. Pourtant, votre salaire n’a pas été payé par la fédération malgré le verdict de la FIFA et l’annonce du gouvernement de débourser « en urgence » vos arriérés. Comment vivez-vous cette situation ?

Jusqu’à présent, effectivement, je n’ai toujours pas été payé. Avec mon avocat, nous sommes prêts. La FIFA a demandé à deux reprises à la RDC de payer mes factures. Je ne sais pas s’ils ont reçu le verdict de lFIFA ou pas, ou si l’annonce de la paie visait à nous calmer. Jusqu’à présent, si je résume ma situation, elle est très simple : le 21 avril 2021, j’ai soumis mes arriérés à la FECOFA. Entretemps, nous avons été confrontés au niveau de la FIFA et j’ai eu gain de cause.

Donc sur ce que nous avons présenté, c’est au niveau de la direction technique qu’ils ont un peu statué, mais pas au niveau de mon salaire de sélectionneur, puisque mon salaire de sélectionneur, jusqu’à présent, la FECOFA l’a toujours tu et n’a toujours rien remis… Apparemment, les copies de mon contrat sont toujours au ministère des Sports.

A la FIFA, j’ai dû prouver que j’étais sélectionneur, parce que la FECOFA a émis des doutes à ce niveau-là, mais ils l’on reconnu après. Ça fera une année que finalement j’ai eu gain de cause et que je n’ai toujours pas été payé. Je n’ai pas l’habitude de claironner sur tous les toits, mais à un certain moment, je pense qu’ici, on est en face d’une situation où il y a de la négligence, de la désinvolture ou bien carrément un manque d’éthique.

Pourtant, vous avez accepté de travailler pendant un long moment sans percevoir votre salaire, notamment la prime de votre signature. Comment en est-on arrivé à la plainte devant la FIFA ?

Tout le staff a signé une ou deux fois. C’était pendant la période du Covid, puisqu’on nous a appelés, on a dû signer, envoyer les documents par mail, mais chaque fois quand nous demandions les copies, nous n’en recevions pas. Quand vous reconnaissez que vous avez remis des contrats au ministère des Sports, et que vous avez remis des contrats sur base d’un chiffre, vous ne pouvez pas remettre un contrat blanc.

Nous avons fait confiance, je voyais mal les choses aller autrement. On a signé et puis on a remis les contrats, mais moi et mon staff (avec Robert Kidiaba, Christopher Oualembo et Guy Bukasa notamment, ndlr), nous n’avions pas reçu les copies.  Où sont-elles ? On ne les a pas reçues, donc il n’y avait aucune preuve.

Comment avez-vous fait pour gagner le procès dans preuve ?

Ça veut dire qu’on a dû vraiment montrer par des preuves A plus B, par des détails pour prouver que j’étais sélectionneur et qu’effectivement, il y avait un contrat. Grâce au président Omari, je le dis entre guillemets, j’ai prouvé que les contrats étaient là.  C’est lui qui les a signés, qui a reconnu qu’il y avait un contrat.  Sinon sans cela, à la FECOFA personne ne voulait reconnaître ce fait-là.  Lui, il a fait un gentleman agreement en affirmant l’existence du contrat et m’a permis de revendiquer mes droits.

Dès qu’il a démissionné, c’était le déluge. Apparemment, le dossier a été très mal géré. Le suivi n’a pas été fait, pourtant il ne travaillait pas seul.  Je crois qu’il faut mettre une responsabilité à un compte à la personne qui s’occupait de tout ce qui était finances, M. Bobo Bondembe. C’est à lui qu’il faut poser des questions, c’est à lui qu’il faut demander qu’est-ce qu’il en est de ces contrats, qu’est-ce qui se passe, pourquoi ça a traîné, quels sont les chiffres qui étaient à poser et tout ça. Si nous on pose une question, il n’y a jamais de réponse.

La FECOFA a transmis votre dossier au ministère des Sports, ce dernier au ministère des Finances et Budgets pour paiement.  Mais est-ce que vous n’avez pas de contact direct avec le ministère des Finances et Budgets ? 

Je n’ai pas à voir de contact direct puisque tout passe par moi l’avocat. Il m’a donné l’autorisation de m’exprimer sur ce sujet. J’aimerais que tout ceci se passe avec bien séance et ordre. Je suis très fier d’avoir eu ce poste et je pense que je ne le remercierais jamais assez la FECOFA et le président Omari en l’occurrence.  Dans ce dossier, le suivi de ce qui avait été entendu n’a pas été fait. Aller devant une FIFA et dire que je n’étais pas entraîneur, je trouve que c’était très enfantin, et ça a été très facilement prouvé.  Mais moi je pense que la chose la plus compliquée, la plus honteuse, c’est me faire vivre cette situation.

Etes-vous déçu à la gestion de votre situation après le départ de M. Omari de la FECOFA ?

Je ne suis pas déçu totalement. Je suis très content d’avoir fait ce que lui a fait. J’ai eu énormément d’expérience, j’ai travaillé avec des gens qui étaient compétents.  Le seul souci, et je sais que ça s’est passé aussi avant moi et je ne sais pas ce qui se passe après moi, je trouve que la situation s’est dégradée et il y a eu beaucoup de désinvolture.

J’ai été très patient et j’ai demandé au président Tshimanga un rendez-vous, mais depuis, je n’ai plus eu de coup de fil.  Vous vouliez savoir si j’ai un contact avec le ministère des Sports ou autre, mais si vous appelez et qu’il ne répond pas, après deux fois, c’est bon.

Alors vous êtes parti à la FIFA…

J’ai un avocat, il avait prévenu que j’allais déposer une plainte à la FIFA parce que je n’arrive pas à avoir un interlocuteur qui puisse satisfaire ma demande. La FECOFA n’en était pas surprise. Ce n’est pas quelque chose que j’ai fait d’un coup de tête, tout le monde était prévenu.  Même le président Omari a reconnu que c’était bien mon droit de réclamer mes ce qu’on me doit. On ne peut pas rester pendant 22 mois sans être payé, passer deux ans à attendre d’être. Je ne suis pas fâché, je suis simplement surpris et déçu. 

La FECOFA a nié que j’étais sélectionneur de la RDC et après, elle reconnaît par le fait que le président Omari l’a démontré. Le contrat avait quatre points, que je ne voudrais pas dévoiler en public, dans lesquels je sollicitais une démarche pour qu’on puisse débloquer la situation. M. Omari a eu l’élégance de reconnaitre qu’il y avait un contrat, que les primes étaient bloquées, il reconnaissait tout. Maintenant, c’est aux responsables de régler le dossier. Mais on j’ai l’impression que tant que l’affaire dort les choses vont passer comme ça.

Qu’est-ce qui va suivre de votre côté ?

La FIFA va maintenant s’en mêler parce que si l’instance internationale donne des injonctions à une fédération et que celle-ci ne répond pas dans le délai, au niveau juridique, il est clair qu’à un moment donné des sanctions seront prises. Je ne sais pas à quelle hauteur, nous on attend, c’est tout.

Après moi, il y a eu des prédécesseurs qui ont reçu leur paie en heure et à temps et sont rentrés chez eux (allusion à Hector Cuper, ndlr).  Je suis tenté d’y voir une politique de deux poids, deux mesures et c’est grave dans une certaine mesure. Pourquoi pour certains ça va vite et moi non ?

La FIFA a reconnu que je suis gagnant, maintenant c’est à la fédération à faire son travail, ou plutôt le ministère à faire son travail, parce qu’on ne sait plus qui est qui.  Chacun se jette la balle, et ils s’accusent mutuellement pour savoir celui qui m’aurait engagé.  Ce n’est pas à moi de trouver des solutions entre la fédération et le ministère, c’est uniquement récupérer ce qui m’est dû qui m’engage.

Dans la seconde partie de l’entretien, à lire sur FootRDC, M. Nsengi Biembe pose un regard critique sur son poste de sélectionneur et l’expérience avec la RDC.

Iragi Elisha et JMM

4 Commentaires

  1. […] Pour Christian Nsengi Biembe, ancien sélectionneur de la RDC (2019-2021), cette réussite du « modèle marocain » est d’abord due à un investissement national dans le sport. « Ils ont récupéré toutes les ressources humaines, les entraîneurs diplômés et tout, pour aller au sein du centre Mohamed VI. Ils sont payés à l’heure et à temps, famille et tout, des gens qui sont venus de France, d’Angleterre, de Hollande, etc. » analyse M. Nsengi. […]

  2. […] Pour Christian Nsengi Biembe, ancien sélectionneur de la RDC (2019-2021), cette réussite du « modèle marocain » est d’abord due à un investissement national dans le sport. « Ils ont récupéré toutes les ressources humaines, les entraîneurs diplômés et tout, pour aller au sein du centre Mohamed VI. Ils sont payés à l’heure et à temps, famille et tout, des gens qui sont venus de France, d’Angleterre, de Hollande, etc. » analyse M. Nsengi. […]

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