En poste depuis 2 ans tout juste, Sébastien Desabre a déjà marqué les esprits de tous les Congolais, même les plus sceptiques. Sous son ère, la RDC inspire confiance, et redevient petit à petit un épouvantail sur la scène continentale. Les résultats que réalise l’équipe depuis quelques temps imposent le respect aussi bien qu’ils surprennent par leur constance. Qualifiée pour la CAN 2025 après 4 journées, le Congo de Lumumba souffle un vent nouveau. Pourtant, il y a 2 ans justement, les Léopards étaient dans l’abîme, dans les profondeurs de l’enfer, avec Hector Cuper comme sélectionneur. Comment Sébastien Desabre a-t-il réussi à métamorphoser totalement la RDC en un temps record ? Voici dix choses qui expliquent les succès permanents du coach français avec la sélection congolaise ;
- Travail fait avec amour et passion
Français d’origine mais congolais de cœur, Sébastien Desabre fait son travail avec une telle passion qu’il ne néglige aucun détail. L’on oublie pas qu’il a dû rompre son contrat avec le Chamois Niortais (Ligue 2 française) en pleine saison, pour rejoindre la RDC. Pas si sûr qu’il s’agisse uniquement des avantages financiers. Le natif de Valence (sud-est France) ressentait une excitation particulière en venant entraîner la RDC, pays qu’il voit comme potentiellement habile pour réaliser de grandes choses dans le foot africain et international. « J’éprouve un immense plaisir à travailler avec la République Démocratique du Congo » disait-il dans une interview pour cafonline.com
En demi-finale de la CAN 2023, main sur la bouche, deux doigts sur la tempe, Sébastien Desabre dénonce, aux côtés des Congolais, les massacres perpétrés à l’est de la RDC, mais surtout le silence et l’inaction complices de la communauté internationale face à ces cruautés. Des images saisissantes qui font le tour du monde, mais étonnamment censurées à la télévision par la CAF.
- L’homme aux mains libres
Il n’est pas que sélectionneur, mais aussi manager. Contrairement à ses prédécesseurs, Sébastien Desabre a plus de marge de manœuvre. Il travaille selon ses méthodes et ses principes sans se faire dicter quoique ce soit. C’est cela l’environnement voulu par tous les entraîneurs du monde pour réaliser de bons résultats. Le technicien français a des mains libres pour convoquer et aligner qui il veut. À la fin, les résultats lui donnent toujours raison, jusqu’ici.
Pas mal de sélectionneur de la RDC se sont plaints des interférences des officiels de la fédération dans leur travail quotidien. Une habitude qui créait un climat malsain au sein de l’équipe et pesait sur les résultats. Un nouvel élan est pris depuis que Sébastien Desabre est là et ça se voit qu’il est absolument libre dans sa peau de sélectionneur-manager. Ses idées et propositions, notamment de stage de préparation, sont toujours validées, sauf une peut-être… https://footrdc.com/leopards/leopards-sans-accord-avec-le-gouvernement-sebastien-desabre-annule-le-stage-de-turquie-prevu-en-mars/
- Scout de première ligne
Attirer des binationaux n’a toujours pas été une question aisée pour la FECOFA. Aujourd’hui, avec Sébastien Desabre comme premier scout de l’équipe nationale, les choses vont plutôt dans la bonne direction. L’ancien coach du Wydad scrute le profil de chaque joueur (binational) pouvant être utile à son équipe. Il le suit personnellement, et lui présente le projet de la sélection.
Depuis l’arrivée de Desabre la tête du staff des Léopards en 2022, plusieurs joueurs ont répondu favorablement à l’appel de leur pays d’origine. Joris Kayembe, Charles Pickel, Axel Tuanzembe, Simon Banza, Nathanael Mbuku, Noah Sadiki, Dimitri Bertaud…la liste est non-exhaustive. L’impact de « Tatu Seba » sur l’équipe nationale de la RDC est incroyable.
Mais bien plus, l’homme fait également le tour des stades européens et africains pour regarder jouer les Léopards déjà disponibles à servir la RDC. Il a des échanges privilégiés avec les joueurs après les rencontres, ce qui revigore sa proximité et sa relation personnelle avec chaque joueur.
- Accepté par son groupe
Dans le foot comme dans n’importe quel sport collectif, le succès d’un coach dépend aussi de l’acceptation qu’il reçoit des joueurs qu’il entraîne. Et Sébastien Desabre ne s’en plaindra pas. Il a curieusement été accepté par tous les Léopards, au point que Cédric Bakambu, figure importante de l’équipe, a dû sortir de sa retraite internationale en 2023, pour revenir défendre les couleurs de son pays.
« Je m’étais donné le temps de réflexion nécessaire et aujourd’hui avec certaines choses qui ont été mises en place mais aussi l’arrivée du nouveau coach, il y a des résultats… Et voilà j’ai décidé de faire mon come back […] » déclarait l’attaquant du Betis Seville. Il n’est pas le seul à être rassuré par la présence de l’ancien coach de l’Ouganda.
- Tactiquement correct
L’une des forces de l’entraîneur français réside dans son fonctionnement tactique. Il utilise mieux les qualités de chaque joueur au bénéfice du collectif. Les 4 titularisations de Samuel Essende (fraîchement arrivé) sont une preuve que le coach met un accent aigüe sur la tactique. Quand tout le monde attend les buts de l’attaquant d’Augsbourg, Sébastien Desabre, lui, est comblé par les efforts du joueur à gêner les premières relances adverses, à combiner avec les ailiers et aller aux duels avec les défenseurs.
Ce travail tactique qu’il s’accorde à faire depuis de longs mois a sans doute été l’essence des résultats que l’équipe nationale récolte aujourd’hui. Pas souvent flamboyants ni reluisants dans le jeu, les Léopards parviennent (presque toujours) à gagner des matchs, même les plus fermés. Ils encaissent de moins en moins de buts (5 cleansheets sur les 5 derniers matchs). Sans être techniquement supérieurs à certaines nations qu’ils ont affrontées, les coéquipiers de Grady Diangana ont triomphé grâce à leur maîtrise et discipline tactiques, leur volonté à se battre les uns pour les autres… C’est ça l’incroyable méthode Desabre.
- Toujours aussi de lui-même
Bien quelques fois incompris pour ses choix, on a, en effet, l’impression que tout ce qu’il fait est calculé. Il improvise aussi mais fait surtout confiance à son instinct, à sa lecture du match et de l’adversaire. Il y a parfois de l’audace, comme titulariser un certain Dimitri Bertaud (en souffrance à Montpellier), au détriment d’un Timothy Fayulu, fort régulier en club, intégrer brusquement Essende dans le XI de départ là où tout le monde voyait Simon Banza ou Fiston Kalala, en l’absence de Cédric Bakambu, blessé. Les symptômes d’un coach qui est sûr de ce qu’il fait.
- Attend le meilleur de ses joueurs
« Il n’y a pas de place garantie en sélection » c’est la phrase qu’il répète devant la presse, et forcément à ses joueurs. Les places sont chères, les titulaires doivent donner le meilleur d’eux à chaque match, au risque de se faire remplacer au prochain. Sébastien Desabre est en fonction, seuls Chancel Mbemba, Samuel Moutoussamy peuvent se targuer d’avoir disputé tous les matchs, et Charles Pickel depuis son arrivée. S’ils jouent, c’est uniquement parce qu’ils sont à la hauteur des exigences du coach. Les cartes sont, par ailleurs, redistribuées dans cette équipe. Entre Bongonda, Akolo, Kakuta, Wissa (souvent titulaire), Katompa, Elia, Edo Kayembe, Banza, Mayele, Inonga, Batubinsika, Joris Kayembe, Mpasi, Bertaud, Arthur Masuaku (en avance sur la concurrence),… chacun doit faire ses preuves pour mériter une titularisation.
- Intégration expresse des arrivants
Sébastien Desabre sait mieux que quiconque comment intégrer les nouveaux venus sans perturber la dynamique de l’équipe. C’était un des points faibles de Florent Ibenge, par exemple. Fidèle à ses lieutenants fidèles, l’actuel coach d’Al Hilal osait rarement lancer des jeunes talentueux, sous prétexte qu’ils venaient d’arriver. En Tanzanie, Nathanael Mbuku a changé le cours du match, pour sa première apparition. Noah Sadiki lui aussi, bien intégré dans le groupe, s’épanouit et prend de l’importance au fil des matchs. Comment ne pas parler d’Axel Tuanzembe et Dimitri Bertaud qui sont déjà des joueurs clé de l’équipe au bout de quelques matchs seulement ? Cette capacité à intégrer soigneusement les binationaux qui arrivent en équipe, renforce le statut de manager accroché à la casquette de Desabre. Il est décidément un bon meneur des troupes.
- Extrêmement fort dans les remplacements
S’il y a une chose sur laquelle il se loupe si peu, c’est dans les remplacements. Quand son équipe peine à marquer ou à préserver le score, il a toujours eu le flair de lancer les hommes qu’il faut faut pour la mission. Les multiples entrées réussies de Fiston Kalala Mayele (au Gabon, au Sénégal, en Éthiopie…), celle de Meschack Élia et Nathanael Mbuku en Tanzanie où encore de Silas Katompa face au Maroc à la CAN 2023, sont des exemples démontrant la grande force du français à bien lire le jeu pour proposer des éléments adaptés. La marque de grands entraîneurs.
- Le résultat plus tout.
Comme évoqué au 5e point, Sébastien Desabre n’est pas adepte du football-champagne. Il est comme issu de la même école que Carlo Ancelotti, là où on apprend d’abord à gagner des matchs. Même avec des joueurs qui peuvent développer un football plaisant, l’obsession de Desabre est de gagner tout simplement. À l’image du technicien italien du Real Madrid, la manière de jouer importe peu à « Seba ». Tant que son équipe gagne, il est tranquille. Il n’y a évidemment pas un seul supporter au monde qui demanderait à son équipe de bien jouer pour perdre au final. Voilà comment Sébastien Desabre a construit ses succès avec les Léopards.
Isaac BAMPENDE
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