Il est des noms qui portent en eux toute la grandeur d’un rêve et parfois le poids de ses contradictions. « Sa Majesté Sanga Balende », un nom qui évoque à la fois la royauté et la sainteté, traverse une saison qui confine davantage au purgatoire sportif. Saints dans le nom, pécheurs sur le terrain. Les Anges ont tout d’un damné. À force de contre-performances, les saints de Mbuji-Mayi semblent s’être spécialisés dans le péché footballistique.
L’oxymore devient une réalité : ces saints semblent enchaîner les péchés tactiques et mentaux, incapables de se réinventer sur le terrain.
Abstinence offensive et générosité défensive
Fondé sur un nom aux accents royaux et religieux, Sa Majesté Sanga Balende connaît une désillusion prolongée. Sur le terrain, les résultats du club en play-offs de la Linafoot 2024-2025 contrastent fortement avec son histoire et son identité. Zéro victoire, six nuls, huit défaites, dix-sept buts encaissés, six buts marqués. Six points récoltés en quatorze journées.
Voilà le bilan, ou plutôt l’avis d’enterrement d’une équipe qui joue à se faire peur. Une réalité à mille lieues des attentes. Autrefois fierté flamboyante de la capitale du diamant, Sanga Balende est aujourd’hui un colosse en carton, un mythe qui transpire la défaite.
Les play-offs en calvaire
Sanga Balende est devenu un symbole qui se noie dans le ridicule. Pire qu’un club en crise, les Anges et Saints deviennent une caricature d’équipe. La dévotion populaire ne suffit plus à cacher les errances tactiques, les carences techniques, le vide sidéral dans le jeu. « Depuis la saison passée, l’équipe traverse une crise financière déplorable, notamment l’expulsion du club de leur hôtel et des arriérés. Cette crise financière a provoqué une absence d’entraînement régulier, ce qui a affecté le physique et le mental des joueurs », déplore l’analyste sportif Gédéon Mbikayi depuis Lubumbashi.
Sanga Balende en play-offs, ce sont des pèlerins perdus sur la route de la résurrection. La défense laisse trop d’espaces, l’attaque ne concrétise pas et la machine Sang et or paraît grippée. Chaque match est une épreuve, chaque point arraché ressemble à une bénédiction. L’équipe prêche encore, mais dans le désert. « L’aspect mental et le physique sont les deux facteurs clés qui manquent dans la construction du jeu de Sanga Balende. Les joueurs semblent être mous, un peu trop pesants physiquement, et le mental n’est pas à la hauteur. Depuis qu’ils ont commencé la phase des play-offs, aucune motivation financière » a déclaré Gédéon Mbikayi.
Au bord de l’humiliation
À moins de 5 journées de la fin de cette phase des play-offs, le miracle n’est plus possible. Les Anges peuvent tenter un improbable salut. À défaut de triompher, il faudra au moins éviter l’humiliation. Sanga Balende flirte dangereusement avec une fin de saison sans relief. Un comble pour un club censé incarner puissance et prestige. Face aux difficultés financières, le club de Mbuji-Mayi vit un calvaire en cette saison.
« Il y a un manque de leadership de direction et une instabilité administrative au niveau de l’équipe, dont l’absence prolongée de son président, qui vivait à cheval entre le Congo et l’Europe. Cette absence a conduit à des décisions précipitées et défaillantes en interne. Certains déplacements n’ont pas été très bien préparés, notamment certains matchs ont été reportés, annulés ou perdus par forfait », révèle Gédéon Mbikayi.
L’exil d’un roi au royaume des humiliés
En play-offs, le club mythique ne joue plus pour le titre ni pour l’honneur. Sanga Balende joue pour éviter l’humiliation complète. Le sursaut est attendu, espéré, réclamé. Si le football est parfois une question de foi, les play-offs ne pardonnent pas les hérésies tactiques. Sanga Balende est devenu un oxymore ambulant, une équipe à la fois « sacrée » et sacrifiée, un totem qui transpire la défaite.
Le club aux allures royales s’est transformé en théâtre de l’absurde où les joueurs errent comme des fidèles sans foi ni football. Loin du faste passé, ces Saints-là récitent désormais un chapelet de défaites. « Sa Majesté Sanga Balende », autrefois joyau rouge et or de Mbujimayi, est désormais un vestige royal exilé au royaume des humiliés.
Par Marco Émery Momo