Lupopo: Comment Jacques Kyabula est devenu le président le plus populaire de la RDC

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Chemise jaune et bleu, lunettes de soleil, sous une estrade dressée à l’occasion, micro en main et une foule Jaune et Bleu en liesse, Jacques Kyabula Katwe est irrésistible depuis sa prise de pouvoir à la tête de la présidence des Cheminots en juin 2021. Le le bain de foule presque démentiel au Stade de la Victoire lors de son dernier meeting le 28 octobre avec les fans a encore rappelé l’énorme côte de popularité que se taille, depuis quelques mois, celui que l’on surnomme « Wa Ndani ». Le Gouverneur du Haut-Katanga incarne l’omniprésence chez Lupopo.

Présent aux entrainements, lors des déplacements en dehors de Lubumbashi, en meeting, lors de signature de contrat, Kyabula est partout et tout le temps. Si les fans de Lupopo n’attendent que ça, cette aura ne plaît pas à tout le monde. Kyabula est-il trop présent ? comment est-il devenu (si rapidement) le président de club le plus populaire de la RDC ?

Les raisons de cette folle passion sans limite entre Wa Ndani et les Viets

Mais pourquoi donc les fans sont-t-ils tous fou de lui ? Pour un premier élément de réponse, il faut jeter un coup d’œil au classement de la Linafoot D1. Au 29 octobre, Lupopo trône en tête avec ses 13 points en 5 matchs, un miracle comparé à ses résultats de cinq dernières années. Mais ce n’est pas là l’unique explication de cette passion fusionnelle entre l’homme de 42 ans et le peuple Jaune. Entre plusieurs raisons, trois sortent du lot.

1. « Sauveur désigné » d’un club à la dérive

« Veillez accepter que je dise oui aux supporters du FC Saint Eloi Lupopo qui me réclament à la tête de l’équipe depuis un moment déjà, » ces mots, prononcés ou plutôt rédigés en mai marquait un tournant décisif chez les Viets. Le club était alors englué dans une saga judiciaire, via son président d’alors Pascal Beveraggi. Salaires impayés, déplacement compliqué, difficulté financières, Lupopo était dans la boue jusqu’au cou quand Jacques Kyabula, déjà membre très actif du club, acceptait officiellement de prendre les rênes du club. Malgré quelques réactions plus ou moins musclés, dont une réclamation de 3 millions de dollars américains pour céder le club d’outre-tunnel, Beveraggi cédait. L’ère Kyabula débutait via un post Facebook, comme une ironie de l’histoire.  

2. La mine d’or pour le mercato des Cheminots

Intronisé, Kyabula lançait les grandes manœuvres. Vite, une photo entre le gouv et Youssouf Mulumbu devient virale sur internet, début octobre. Quelques jours plus tard, l’ex-capitaine des Léopards signait chez les Viets.  Ensuite, Lupopo mettait le feu sur le marché de transfert. Christian Bracconi venait de la France pour prendre la tête du staff technique, Junior Bayano, un des grands espoirs du football gabonais débarquait, suivront Dark Kabangu, sérial buteur reconnu de tous en RDC, Patou Kabangu en provenance de Mazembe ou encore le flirt entre Mputu et Lupopo.

Primes de match, à la signature, redynamisation de l’image du club, notamment via les réseaux sociaux, les plaintes ont disparu dans la bergerie depuis l’arrivée de Kyabula. L’histoire de la pétition des joueurs qui désavouaient publiquement Pascal Beveraggi ressemble aujourd’hui à un cauchemar lointain. 

3. Discours tranchants et ambitions démesurées

« Je suis heureux parce que je sens que notre orgueil revient » déclarait « Wa Ndani » mercredi 27 juin au meeting. « Mon objectif c’est de faire de Saint Eloi Lupopo la plus grande équipe de la RDC », à chaque sortie, qu’il soit médiatique ou pas Kyabula sait offrir une réplique aux fans. Et des projets aussi, dont le fantomatique Stade de la Victoire laissait par son prédécesseur.  « Nous allons travailler pour que nous ayons notre pelouse synthétique et continuer la construction pour que certains de nos matchs se jouent ici. »

Sept ans après sa dernière qualification, des présidents, des entraineurs et des projets avortés à peine lancé, le peuple Cheminots caresse de nouveau le rêve d’Afrique. On pense aussi à remporter la Linafoot, on le chuchote… C’est trop tôt pour savoir si ce train ira jusqu’à la gare mais entre les deux parties, tous les rêves sont permis. Même si ça ne fait pas plaisir à tout le monde…

Lupopo-Kyabula, mariage de la raison mais qui agace

Lupopo se reconstruit, les résultats sont au programme, les ambitions démesurées, mais. Car il y a bien un mais. Malgré son amour de Lupopo et du football, Jacques Kyabula reste un homme politique qui occupe les devant de la scène en RDC. « Nous sommes bénis jusqu’en 2028 et après nous allons ajouter encore » avait-il lancé à ses fans. Un message qui a fait réagir sur la scène politique, plusieurs partisans d’autres partis y décelant une politisation du paysage sportif par Kyabula.

Sans cesse comparé à Moïse Katumbi, président du rival Mazembe, et aussi ancien gouverneur, Jacques Kyabula sait qu’il lui faudra des titres et une suprématie pour laisser son nom inscrit dans le marbre chez les Cheminots et en RDC. En attendant, sa côte de popularité ne risque pas de baisser de sitôt, surtout auprès de fans de Lupopo, au grand dam de ceux qui y voit un mariage incommode entre sport et politique. Car en RDC, le football et la politique ne sont jamais mauvais amis.

Iragi Elisha/Footrdc.com

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