Sanga Balende, la chronique d’un ange déchu

Monter plus haut arrive un jour dans la vie de tout être, mais y rester longtemps, ne relève pas de la volonté de la nature. Les Anges venus du ciel y retournent s’ils ont bien évidemment gardé leurs ailes, ceux qui en perdent finissent par se familiariser avec la terre, connaître, ses problèmes, ses tsunamis, sa famine…

Dans cette chronique d’un Ange déchu, il est question d’un club qui fut il y a une deux ans, potentiel vainqueur du championnat national, qui croupit aujourd’hui dans l’aven, au bord du précipice, tel un ver de terre visant la surface mais enfouit dans un terrain marécageux. Les efforts sont dantesques ! Son Altesse Sanga Balende a perdu le pouvoir de sa royauté, lui qui était servi, sert à ces jours. Un extricable changement de loge qui doit sa survenue à un chapelet de problèmes.

Manque de projet !

C’est pour gagner, rivaliser que, l’équipe a été bâtie, quand et comment ? Personne ne le savait, juste gagner, à la lecture du temps, de l’opportunité. Gagner le championnat, briller en Coupes d’Afrique… Le président Alphonse Ngoy Kasanji alors gouverneur de la province du Kasaï-Oriental, avait en son temps investi des moyens démentiels, pour faire des Sang et Or soient l’un de grands clubs du pays. Recrutement des bons joueurs, des coaches expatriés, des conditions qui frôlent l’optimum, Ngokas était prêt à tout pour étancher sa soif. Objectif atteint, entre 2013 et 2018, Sanga Balende grandit en dimension, se qualifie en Champions League, bat Vita Club à Kinshasa, le TP Mazembe à Lubumbashi. À Mbuji-Mayi, ça jubile, ça exalte l’énergie des Anges, qui volaient plus haut que bon nombre d’équipes du championnat.

À la place d’être un fait qui compte, cette gloire ne sera qu’un conte de fées. Sanga Balende, malgré l’orgueil d’avoir atteint le top 3 national, a vu le titre à travers sa fenêtre. Le TP Mazembe et l’AS VClub sont des Hercules. Il a surtout été question d’un manque de projet à long terme, les dirigeants ont construit une bonne écurie sans une idée sur ce qu’elle sera quatre, cinq ou six ans après, et les moyens à allouer pour asseoir l’ambition. Actuellement, le club est dans la galère, sur une exposition absconse. Cela a commencé la saison dernière déjà, le club n’était concerné par les débats autour d’une place sur le podium, ni par la qualification en inter-clubs de la CAF. Il a finit huitième à plus de trente points de différence avec le champion Mazembe.

Tremplin d’une carrière politique !

Les sports aux sportifs, la politique aux policitiens, promeuvent certaines civilisations, la tendance est contrarotative en RDC, les deux sont liés. Les sports sont utilisés comme une échelle menant à la popularité, et les clubs de foot sont les plus visés, il y a des politiques partout. Les observateurs avertis ne cessent de se poser des questions sur leurs vraies motivations… Est-ce une passion, une simple envie d’encadrer la jeunesse ? Dans la plupart de cas, ce n’est ni l’un ni l’autre. Les politiques s’amènent dans les sports avec des objectifs sybillins et ne dévoilent que ceux qui peuvent être connus. Ils s’appuyent sur les clubs de football, pour devenir populaires, ils les adaptent à une base électorale en raison du grand monde que ces équipes peuvent traîner. Et Sanga Balende a été presque victime de ce trot.

Alphonse Ngoy Kasanji a beau être un dirigeant généreux, capable de bouger ses poches à tout moment pour le bien-être des Banjelous, mais il était au défi, celui de prouver sa passion pour son club de cœur après le gouvernorat. Car c’est là aussi, qu’on découvre les dirigeants et les vrais dirigeants. Loin d’une idée d’un parellelisme, le TP Mazembe a subsisté durant trois ans, son président en exil. Les Corbeaux ont gagné deux Coupes de la CAF, deux Linafoot, en dépit du déséquilibre financier, budget revu à la baisse, contrats de plusieurs expatriés non renouvelés. Le SM Sanga Balende oscille ou oscillait déjà à l’approche des élections du 30 décembre 2018. Le gouverneur sortant Ngoy Kasanji devenait de plus en plus intéressé par une place au parlement, au sénat, que par la survie du club. Les Sang et Or sont presque dans la rue, peinent éperdument, faute à celui qui est aujourd’hui désavoué par les supporters, ils ont été utilisés pour les ambitions électorales en 2011, et 2018, ils ne le digèrent pas. Le stade Kashala Bonzola est le plus grand souvenir qu’ils gardent du gouverneur honoraire du Kasaï de l’est.

Un ange déchu enfoncé dans le ventre-mou du classement

On l’a dit et on ne le dira jamais assez, Sa Majesté Sanga Balende est redevenu une équipe ordinaire qui ne fait peur qu’à elle-même. À l’heure qu’il est, aucun club du championnat n’est intimidé en recevant les Anges ou en se rendant dans leur antichambre.

La saison a démarré sur une avilissante série. Tenus en échec lors de la première journée par le CS Don Bosco (2-2), la JS Bazano (1-1), battus (0-2) par Lubumbashi Sports puis par l’AS VClub (0-2), Sanga Balende est édenté, n’arrive plus à mordre. La seule et unique victoire de la saison jusqu’à présent a été le fruit de l’indiscipline des fans du FC Renaissance au stade des martyrs, lors du duel entre les deux clubs début septembre. Sans elle, les Basantu seraient au pied du tableau, ils ne sont pas non plus allés loin avec elle. Douzième du classement, cinq points, les protégés de Mopoa Donda comptent un même total de points que l’AS Maniema Union, premier non relégable, deux de plus que Dauphin Noir avant-dernier du classement. À quel rang finiront-ils la compétition, pour quelle ambition la jouent-ils, nul ne le sait. La vérité est là, impossible à supplanter, Sanga Balende a perdu ses ailes, un ange déchu.

Isaac B’ampendee/Footrdc.com