Dossier : Constant Omari, un dossier lourd de dix-huit ans à la FECOFA (Episode 1/5)

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Mercredi 16 juin 2021, salle de conférence de la Fédération Congolaise de Football (FECOFA), Kinshasa. Constant Omari (63 ans), costume noir, lunettes bien ajustées, le visage grave, masque blanc, se présente, comme depuis dix-huit ans, devant la presse sportive. La veille, la presse kinoise annonçait que les médias surnomme « l’homme moderne» avait décidé de quitter ses fonctions de président de la fédération. Dans la foulée, cette dernière se contentait d’un court démenti pour affirmer que le président Omari «travaillait dans son bureau sur l’Avenue de la Justice» et qu’une démission n’était pas à l’ordre du jour. Pourtant, depuis mars 2021, Omari avait annoncé son départ, départ qui semblait se faire désirer.

On ne le savait pas encore, mais dans cet avant-midi-là, Constant Omari livrait sa dernière conférence de presse à la tête de la FECOFA. FootRDC revient sur ses vingt dans le football congolais, dont dix-huit ans comme président de la fédération, dans une série de quatre épisode originaux.

Episode 1. Omari l’ingénieur à Omari le sportif

Constant Omari Semani, président de la FECOFA

Pour rester près d’une décennie à la tête d’une si importante institution au pays, il faut bien commencer quelque part. Le parcours de Constant Omari ressemble donc à celui d’un élève modèle, appliqué et qui franchi chaque classe avec succès avant d’atteindre le sommet. Omari arrive à la FECOFA très tôt, aux milieux des années 70, dans la peau d’un membre-suppléant de Maître Solo Jean-Claude Mwalimu. Il n’est alors âgé que d’une vingtaine d’années, il vient d’une famille de 10 enfants et compte devenir ingénieur civil.

Deux ans plus tard, il intègre le comité exécutif de l’institution. « Il avait une gigantesque et impressionnante Jeep Lincoln Navigator noire » se rappelle Marcel Kiadi, journaliste kinois pour la presse écrite depuis 1976. Car ce géant et cadre à l’Office National de Transport (ONATRA) s’est fait un nom dans Kinshasa. On entend les « mabanga » lui tomber dessus régulièrement dans les chansons de Zaïko Langa Langa ou le groupe Wenge Musica BCBG.

En 2001, alors qu’il est fonctionnaire à l’ONATRA depuis 1996, Omari décide de miser gros dans le football congolais. Au soir du 16 janvier, il est élu, dans des circonstances encore étranges aujourd’hui, au poste de premier vice-président de la FECOFA sous Baudouin-Patient Kurara Mpova. « Omari était absent au salon Congo de l’hôtel Intracontinental. La veille, il avait été arrêté par la Sécurité militaire ‘Demiap’ dans le but de l’empêcher de battre campagne. Le dossier d’Omari ne passera que grâce à l’intervention de Michel Kabeya qui plaida la cause de Constant Omari auprès du délégué de la FIFA, Ahmad Ahmad. Elu, il attendra 2005 pour postuler au poste de candidat à la tête de la fédération, deux ans après le décès de Kurara Mpova » se rappelle Marcel Kiadi.

La radiation oubliée

Cette entrée à la FECOFA avait rencontré une secousse, en novembre 2001. Suite à des déclarations jugées I et des propos «discourtois de nature à entamer la crédibilité de l’administration des sports » Omari est radié par le ministre des Sports de l’époque Timothée Moleka Nzulama qui, d’après son arrêté ministériel du 20 juillet 2001, a « toujours entretenu un climat de désinvolture à l’égard du ministre de la Jeunesse et des Sports et qu’il se trouve dans un cas de récidive prononcé ». La fédération se dissocie de son vice-président avant de vite se raviser et revenir le soutenir, le tout en pleine préparation de la CAN Mali 2002.

Omari survit, et ce baptême de feu le rendra indéboulonnable.
Ensuite, l’homme ne quittera plus son poste, jusqu’en juin 2021. Au passage, deux coups de force lors des élections de 2009, 2014 et 2017 où il sera réélu parfois à…l’unanimité. Constant Omari va alors s’installer durablement dans les sommets. « Quand on est humble, Dieu vous élève » déclare-t-il lors d’une interview en 2016. Mais sur le chemin de l’élévation, le natif de Bukavu va devoir gérer une fédération en dysfonctionnement, sans finances conséquentes, une équipe nationale à la dérive et garder en tête ses ambitions dans le monde du football. C’est le sujet de l’Episode 2 de série de cinq sur « l’homme moderne ».

Iragi Elisha

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