Dossier FECOFA : Constant Omari, le républicain (épisode 2/5)

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FootRDC revient sur les vingt de Constant Omari dans la gestion du le football congolais, dont dix-huit ans comme président de la fédération, dans une série de cinq épisode originaux. Après ses débuts décryptés dans le premier épisode, coup de projecteur sur son mandat et ses décisions dans ce deuxième épisode.

L’homme moderne sous trois présidents de la République

À son arrivée à la tête de la FECOFA en 2005, Omari se trouvait face à un vaste chantier, qu’il a su bâtir à coup de contact et d’une direction de fer. Une année avant son élection, il a travaillé avec Kurara Mpova, un de ses mentors. S’il devient officiellement président de la fédération en 2005, il faisait partie des têtes pensantes à la fédération depuis 1996. Il gravit alors tous les échelons passant sous M’Zee Laurent Désiré Kabila, d’un membre coopté, puis vice-président et président sous le fils, Joseph avant de connaître Félix Tshisekedi. Rare et inédit dans toute la grande et longue histoire de la fédération.

Et à en croire le principal concerné, travailler avec ces quatre administrations reste une de ses réussites majeures. « En 21 ans, j’ai réussi, avec mes collègues, à stabiliser cette fédération. Nous avons traversé quatre pouvoirs et tous les présidents ont soutenu la fédération parce que le football est le sport dans ce pays » se félicitait-il, « Je quitte mon poste la tête haute ».

Cet équilibre se manifeste dans la gestion de l’équipe nationale. Dans les sombres années des Léopards, entre la CAN 1998 et 2006 et entre 2008 et 2013, Omari a dû gérer plusieurs sélectionneurs nationaux. N’hésitant pas à les licencier quand les résultats ne suivaient pas, à l’exception d’un seul : Claude Le Roy. En 2006, c’est lui qui accueille Claude Leroy lors de son premier passage sur le banc de la RDC. « Je suis accueilli par le président de la Fédération, Constant Omari, qui occupe, encore aujourd’hui, les mêmes fonctions. Tout au long de ma présence en RDC j’entretiendrai de bonnes relations avec lui, » confiait-il dans ses Mémoires « Claude Le Roy, le Sorcier blond » parus courant 2021.

Gestion musclée et caractère bien trempé

Avec l’équipe nationale, Omari a longtemps nourrit des ambitions non concrétisées. Du coup, il n’hésitait pas à hausser le ton pour rappeler ses troupes à l’ordre tout en négociait très souvent avec les gouvernements de son mandat sur l’épineuse question des primes. En 2007, il sortait un de ses coups de gueules mémorables. 

« J’avais dit au coach que celui qui est indiscipliné, vous le mettez à l’avion et il part, même si c’est le meilleur joueur du monde. Je préfère perdre avec des joueurs disciplinés que gagner avec des joueurs indisciplinés », déclare-t-il aux joueurs. Une prime de 5000$ est négocié avec le gouvernement sous Joseph Kabila, en cas de victoire ou pas mais il ajoute « Vous ne venez pas à l’équipe nationale pour faire de l’argent mais pour faire le bonheur du drapeau que vous venez défendre. »

Il n’hésite pas à trouver une manière à lui de motiver les joueurs. « Tout ce que je vous demande, c’est de me faire confiance. Faites votre boulot et le reste c’est mon affaire. » Face au public, il sait trouver un terrain d’entente malgré les déboires. En 2008, la RDC perd à domicile face à l’Egypte, un match crucial pour les éliminatoires de la CAN. Omari se plie « Nous nous battrons jusqu’au bout pour nous qualifier. Nous demandons pardon au peuple congolais. » Souvent, il sillonne lui-même l’Europe pour convaincre des binationaux de jouer pour la RDC, avec un brin de réussite et des échecs mémorables.

Omari l’africain, Omari à la FIFA

Peu des personnalités africaines ont côtoyé en même temps les hautes sphères du football international et continental et la politique de leur pays, que le natif de Bukavu. Vice-président de la FIFA sous Sepp Blatter, vice-président de la CAF sous le camerounais Issa Hayattou et le malgache Ahmad Ahmad, Constant Omari a longtemps été dans le cercle des décideurs du football mondial. A son départ, les supporters congolais n’hésitaient pas à se poser de question sur celui qui parlerait au nom du football congolais à la CAF.

Fin 2020, il a dirigé la plus haute instance africaine de football (Confédération africaine de football), en intérim après les sanctions contre Ahmad Ahmad, dont il était le bras droit. Il a survécu au départ de Hayattou, aux condamnations du malgache et a remis le pouvoir, des mains propres, au sud-africain Patrice Motsepe, en mars 2021. « Longtemps bras droit d’Issa Hayatou, je regretterai seulement qu’il le trahisse en mars 2017 pour aider Gianni Infantino à l’écarter de la CAF au profit du Malgache Ahmad-Ahmad considéré probablement plus complaisant… » écrit Claude Le Roy.

Les accusations de corruptions entachent la réputation de celui qui aura fait de la fierté et de l’élégance sa marque de fabrique. Le dernier épisode en date du massif gestionnaire sera son bannissement de toute activité liée au football pendant douze, par la Fédération internationale de football association, jeudi 24 juin 2021.

À l’international, sa déchéance coïncide aussi avec ces multiples accusations, dont une arrestation en 2018 dans une autre affaire similaire, et sa perte de pouvoir à la FIFA. Omari a toujours clamé son innocence, comme lors d’un entretien avec Alain Foka en février 2021 lorsque la FIFA écartait sa candidature pour des questions d’éthique. « S’il est démontré que ces allégations, sans doute, mensongères et ce que confirme, retenez la date d’aujourd’hui, que c’est le cas ; si cela se confirme, nous serons partis pour un grand procès, » affirmait-il alors. Entre politiques et management de l’équipe nationale, Constant Omari aura négocié, tout le long de ses mandats, en véritable républicain.

Iragi Elisha

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