Cette saison, une nouvelle règle entre en vigueur dans le paysage du football congolais : tous les clubs du pays, dont ceux de la Linafoot, vont prendre part à la Coupe du Congo. Ce changement, d’apparence mineur à la lecture du règlement qui régit le football congolais, constitue pourtant une révolution majeure pour les clubs. Il met aussi un terme à une incongruité qui a longtemps miné la compétitivité, l’intérêt et l’importance d’une compétition jadis mythique.
« Laisser la chance aux autres »
« La Coupe du Congo a perdu de son ampleur, et dans une certaine mesure de son importance, depuis plus d’une décennie », écrivait Diego Yesaya sur le blog de Digital Congo en 2019. Et pour cause, le règlement de qualification longtemps soutenu et appuyé par la FECOFA, sous le long mandat de Constant Omari, pour que les clubs finissant sur les trois premières places, qualificatives en Afrique, ne prennent pas part à la Coupe du Congo.
Dans un entretien avec FootRDC, en juin 2021, Belge Situatala, alors Secrétaire général de la FECOFA, avait tenté sans grande réussite d’expliquer le bien être de cette formule. « Le règlement avait prévu que tous les clubs de la Linafoot Ligue 1 et Ligue 2 étaient éligibles, sauf les trois premiers. C’est pour laisser la chance aux autres parce que vous savez que les deux premiers représentent les pays en Ligue des champions et le troisième en Coupe de la CAF. Alors la quatrième place nous avons prévu que ça soit un autre club que ceux trois qui d’office sont éligibles », déclarait M. Situatala. La fédération s’était toujours entêtée dans sa définition décriée de la méritocratie.
Mettre fin à une anomalie
« Les meilleurs clubs du pays sont écartés de la compétition. Quelle que soit la formule utilisée, les équipes qui réalisent les meilleures performances au championnat national, souvent toutes celles qui atteignaient les play-offs ou les meilleurs d’entre elles, n’avaient pas de place en Coupe. Serait-ce dans le but de bien partager le « gâteau » des interclubs de la CAF ? », interrogeait, à raison, le journaliste. Et il n’était pas le seul.
En ouvrant la possibilité à Mazembe, VClub ou encore à Maniema Union, trois clubs souvent sur le haut du classement ces dernières années, de concourir sur les deux tableaux nationaux, la fédération répare l’anomalie qui empêchait ses équipes de viser un « doublé » coupe-championnat avant de rêver d’un triplé ou d’un quadruplé, comme c’est le cas dans plusieurs pays sur le continent. Le rêve redevient possible, et juste le savoir pimente un peu plus l’envie de revoir la Coupe du Congo. Qui ne rêverait pas d’un DCMP-Vita en finale, au stade des Martyrs plein ou d’un Lupopo-Mazembe ?
Cette réparation n’effacera pas le gâchis de deux dernières décennies. Mazembe a marché sur l’Afrique entre 2009 et 2015, s’offrant aussi une période de rayonnement jusqu’en 2017, remportant au passage trois Ligue des champions, autant de Super coupes et deux Coupe de la Confédération. Pourtant, Mazembe ne compte que cinq Coupes du Congo, dont un dernier sacre en 2000. Vita Club, éternel rival et souvent coiffé au poteau par le TPM en Linafoot, a manqué de garnir son armoire à trophées lors de ses années fastes sous Ibenge et Maniema Union n’a jamais rêvé de construire un projet en visant un titre national, étant souvent hors de course en Afrique et non éligible pour la Coupe du Congo (vainqueur en 2019).
Cette anomalie concerne aussi la compétitivité de la Coupe du Congo. Les clubs de seconde zone qui ont remporté la compétition, Don Bosco, MK Etanchéité, Renaissance ou encore Tshinkunku, n’ont jamais fait valoir leur titre en Afrique, sortant toujours dès le premier tour. Une bizarrerie qui aura duré bien trop longtemps, à notre grand dam.
Elisha Iragi
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