Le pari sportif au Congo-Brazzaville : des kiosques de quartier aux bookmakers en ligne

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La municipalité de Brazzaville a ordonné à la police de faire évacuer tous les kiosques de transfert mobile d’argent, de loto sportif et de pari mutuel urbain, puisqu’ils « encombraient la voie publique ». Ces échoppes ne profitent qu’à leurs propriétaires, non aux jeunes gérants (qui ne touchent que 2% des revenus).

Les avantages d’un marché régulé

Le marché du pari sportif est en plein essor dans l’Afrique de l’Ouest, notamment au Congo-Brazzaville. Des sociétés gèrent ces paris localement, avec l’appui d’investisseurs étrangers. Le pays et l’ensemble de ses partenaires souhaitent parvenir à un marché évoluant dans un environnement sûr, grâce à un encadrement responsable. Au Congo, la majorité est fixée à 21 ans et le chômage était à 10, 3 en 2020. Par l’octroi de licences, les bookmakers sont sous le contrôle de l’État et proposent des cotes de football transparentes. Mais l’État doit aussi résoudre le problème du sous-emploi de près de 130.000 jeunes, diplômés ou non, qui préfèrent cette occupation peu ou pas rémunératrice à l’oisiveté…

L’illusion d’un travail en ville

La mairie de Brazzaville veut exercer un meilleur encadrement sur un commerce de proximité incontrôlable, qui exploite ces jeunes gérants.

Est-ce que ces milliers d’emplois substitutifs, qui ne rapportent pas grand-chose, valent mieux que rien, alors que la ville bat des records de chômage ?

Un métier substitutif contre la crise ?

Les kiosques, qui ont poussé comme des champignons, battent des records de fréquentation, en pleine crise économique. D’où cette fonction-refuge, à la réputation largement usurpée.

On trouve, par exemple, de jeunes diplômés, qui parient tous les jours. À partir de 500 Francs CFA (0, 76 €), ils peuvent prendre un ticket. L’un d’entre eux déclare avoir perçu 245.000 francs CFA, 373 € à ce régime. 

L’exploitation des jeunes dans les kiosques

Des milliers de Ponténégrins (habitants de Pointe-Noire) ont ainsi trouvé un emploi de façade, faisant du pari en ligne une activité perçue comme rémunératrice, même quand elle ne l’est pas. En revanche, les propriétaires des kiosques perçoivent de bonnes recettes, depuis que les Congolais sont devenus accros aux paris sportifs.

Les parieurs n’y voient qu’une augmentation des emplois et des sommes d’argent accessibles pour des gens à faible revenu. Ils ne remarquent pas l’envers du décor.

La population n’est pas protégée

L’État est dans l’obligation d’apporter sa protection, et donc d’édicter des règles du jeu applicables pour tous. Une fois une batterie de règles établies, le Ministère peut plus facilement surveiller l’activité des sites en ligne, qui ont obtenu sa licence, éventuellement répondre à des plaintes de particulier, jouer son rôle d’arbitre.

À l’inverse, il lui est impossible de mettre un policier auprès de chaque kiosque, de vérifier l’identité des jeunes qui travaillent pour rien, si les joueurs ont l’âge légal de jouer, etc.

Accompagner la fermeture des kiosques

Les sites sous licence dégagent des revenus de l’impôt pour l’État, qui met bon ordre dans leurs activités. Mais, avec le commerce des kiosques, aussi bien les tenanciers que les parieurs vivent de l’illusion d’un renforcement de leur pouvoir d’achat ou de leur chance de décrocher le Jackpot.

Pour bien faire, le gouvernement devrait accompagner sa mesure d’évacuation des kiosques par la levée d’une offre d’occupation rémunératrice compensatoire.

Aussitôt chassés, les kiosques repoussent

La réglementation est un facteur de progrès, en matière de rationalisation du jeu et de transparence de ses conditions d’exercice.

Mais, dans l’immédiat, tant que le pays ne résout pas le dilemme de l’employabilité autour de l’explosion des jeux en ligne en Afrique, le cycle demeure un cercle vicieux, avec le risque le plus évident : éloignés de tel quartier central, les petites casemates vont reprendre leur vie de « champignons » dans d’autres quartiers périphériques, simplement parce qu’ils auront cru approcher ou apporter la fortune.

Place aux commerçants qui respectent les règles

À Brazzaville, la mairie se garde bien de vouloir interdire leurs activités à ces petits commerçants, à condition qu’ils « se plient aux règles ».

Les jeunes se plaignent que la mairie leur retire leur gagne-pain sans proposer la moindre alternative. On dit que les kiosques Mo-Mo (mobile Monnaie) permettent aux jeunes de « s’en sortir ». Leur contradicteur municipal rétorque que, puisqu’ils n’ont pas de contrat de travail, ce n’est pas un emploi. Cela le serait d’autant moins, s’ils touchent à peine 2% des revenus.

Mais, ce genre d’évacuations a eu lieu à plusieurs reprises. Chaque fois, l’occupation anarchique a repris. Une solution de long terme serait que la révolution numérique crée de l’emploi et entraîne une spirale vertueuse… Il reste un long chemin à parcourir.

Footrdc.com

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