Malgré les récents regrets, exprimés dans la première partie son entretien avec FootRDC, et sa lutte pour percevoir ses émoluments, Christian Nsengi reste positif sur son avenir. Entre son passage en sélection, avec du recul, ses nouvelles fonctions où il se sent « heureux » en Belgique, et son regard sur la formation en RDC. L’ancien sélectionneur s’est confié en toute transparence.
FootRDC : Que regrettez-vous de votre passage dans la sélection ?
Je ne regrette rien du tout. Ça s’est fait, nous sommes des entraîneurs de foot, parfois ça passe, parfois ça casse, c’est tout. Je ne regrette rien du tout. Les joueurs qui étaient disponibles sont venus, d’autres n’ont pas été là malheureusement à cause du Covid. Et je ne suis pas dans le cœur d’un joueur de football pour savoir ce qu’en ce moment-là il pensait. J’ai simplement vécu une expérience extraordinaire pour mon pays d’origine et que j’applaudis.
M. Omari a eu le courage de me placer. Je pense que ce n’était pas l’avis de tout le monde autour de lui, mais il l’a fait, il l’a fait parce qu’il l’a assumé correctement. Je trouve que (son échec) était dû au fait de la période, le Covid. On n’avait plus d’organisation, mais maintenant, c’est le passé où je tire du meilleur de l’expérience.
Que referiez-vous si vous deviez retourner sur cette expérience ?
Je pense que la seule chose, si j’avais à refaire, ça je ne veux pas choquer les gens, j’aurais pris totalement mon staff U23. C’est la chose que j’aurais quand même voulu dire. Je sais que beaucoup de gens croiront que je suis déçu, revanchard…oui, on peut être déçu quand on n’arrive pas à atteindre l’objectif, mais il ne faut pas que ça s’éternise. Le souci, pour moi, c’est la considération qu’on doit avoir. On a eu les mêmes problèmes de paiement avec les staffs U23 et CHAN aussi.
C’est bien de se précipiter tous sur la photo uniquement parce qu’on en a gagné, mais il faut aussi qu’on voie que ces gars qui travaillent, ils prennent l’avion, descendent, font des trucs. Il faut qu’on les paye. C’est un métier d’être sélectionneur, cela doit être pris en considération. On ne devrait pas tout le temps passer dans les radios pour hurler, dire qu’on n’a pas été payé, dans les réseaux sociaux, ce n’est pas top pour l’image du pays.
Pourquoi ?
Parce que je travaillais mieux avec eux, on se comprenait, il y avait ce qu’on appelle une cohésion. Nous étions un collectif, il y avait une interaction qui était très positive. Je ne dénigre pas les autres, mais parfois, je n’arrivais pas à me faire comprendre par certains membres de mon staff. Mais je trouvais que le staff U23, c’était un staff qui m’a énormément plu.
J’ai eu énormément de plaisir à entraîner les U23, j’ai eu énormément de plaisir à voir les résultats avec eux. C’était vraiment un truc extraordinaire. Et puis évidemment, quand vous entraînez aussi l’équipe nationale, c’est aussi un honneur.
Aviez-vous ressenti un relâchement de la part de vos joueurs dans la sélection A ?
Non, pas forcément, mais c’était lassant pour eux, je me mets à leur place. Le Covid n’a pas arrangé les choses ni l’organisation. La pandémie a foutu (sic) un peu plus de désordre dans ce qu’on avait d’habitude d’avoir. Les circonstances ont fait que le dernier match où on devait absolument gagner, on s’est retrouvé avec 8 titulaires qui ne pouvaient pas se déplacer. Il faut faire un bilan et j’ai pris ce qui était positif. Il faut simplement regarder froidement et regarder droit devant soi et dire que c’était une étape. Il y a d’autres challenges qui arrivent.
Vous faites de très rares sorties médiatiques. Ça fait deux ans depuis votre départ de la sélection de la RDC, quelle est votre vie post-Léopard ?
Deux amis, Monsieur Day et Jean-François Langvin, m’ont demandé de rejoindre le staff technique académique de la RWDM Molenbeck qui monte en première division et c’est un challenge qui m’a plu. Il y a eu aussi parfois des appels à gauche, à droite, mais disons que je n’ai pas vraiment saisi l’opportunité parce que je trouvais qu’il y avait encore parfois dans la demande des zones d’ombre. Et avec l’expérience, je sais comment ça se passe. Aujourd’hui, je préférais avoir un peu plus de crédit dans les propositions qu’on me donne. Je suis heureux de ce que je vis en ce moment.
S’il fallait revenir en sélection, qu’est-ce que vous obligerez ?
Ce n’est pas à l’ordre du jour et je n’ai même pas envisagé dans les prochains jours. Ce que j’ai en ce moment, c’est Molenbeek dans la tête. C’est la première division, il faut qu’on monte, c’est l’académie, il faut retaper. Je suis directeur technique ici, donc je travaille pour ça. Je travaille avec M. Thomas Kars qui m’a pris comme assistant.
Prochainement, si vraiment je dois revenir, la proposition ne viendra pas de moi. Peut-être d’un pays ou bien du pays, ce n’est pas que je refoule le Congo du revers de la main, simplement, là, il y a un point qu’il faut régler. Je ne vais commencer à blâmer ma patrie ou bien mes frères, mais quand quelque chose n’est pas bien, il faut le dire, là, ce n’est pas bien. Qui est la personne haut placée au Congo qui travaille dans un poste élevé et qui ne perçoit pas son salaire ? Il est donc normal que le poste de sélectionneur puisse avoir son dû.
A quel autre profil du métier pensez-vous ?
À ceux qui entraînent dans les rues, c’est eux qui ont les stars entre les mains. Ce sont les Mbemba, ils ne viennent pas de la Belgique, ils viennent du Congo. Et c’est le meilleur joueur congolais en activité, binationaux confondus et il a été formé au Congo. C’est un véritable professionnel. J’ai fait la sélection, c’est un gars qui est pro jusqu’au bout des ongles et c’est une fierté de voir Mbemba à Marseille, en disant que c’est le meilleur joueur marseillais dans une ville qui est assez compliquée.
Pourtant, je ne suis même pas certain que le gars qui a formé a reçu quelque chose. Il y a des formateurs au Congo qui sont capables de faire le job et de relever le défi. Si on est pays en bas de l’échelon, qui voudra monter ? On veut tous monter parce qu’en haut, on est plus ou moins un pays où on pense à nous. Tout ce qui est en bas, les gens qui sont dans les rues, qui traînent à 35 degrés en train de chercher des gamins, on doit leur donne quelque chose pour qu’ils puissent trouver les talents et les polir. En plus, la tête va tourner. Le temps qui passe pour chercher de l’argent, pour se nourrir, c’est le temps qu’ils vont passer pour pouvoir former nos talents.
Ce passage à la tête de l’équipe nationale vous a-t-il changé ?
Entant que directeur technique ici, je sais qu’il y a des choses, des aspects, des angles qu’on aborde. Dans la formation, la base doit être bonne. La base, c’est les enfants, c’est la rue. C’est là qu’il faut commencer à gérer les choses en payant les formateurs, les encadreurs, les gens qui sont dans la rue, qui sont dans le soleil en train de dénicher les talents. Mais nous, on fait la pyramide en l’envers. En RDC, c’est d’abord les sélections A ou B, et encore les B, on ne les paye pas. Et puis après, on verra après.
Je ne suis pas en train de dénigrer, à un moment donné, il faut dire les vérités, et les vérités doivent être entendues. Au Congo, on fait la pyramide à l’envers. Il faut soigner les formateurs, il faut soigner les entraîneurs, il faut trouver un consensus pour avoir ce qu’on appelle une formation continue.
Iragi Elisha et JMM
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