Entretien FootRDC : « Je ne pouvais pas changer le gens, j’étais seul contre tous » Jean-Claude Loboko se livre sur son départ de Blessing FC

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Auteur d’un début de saison magnifique avec Blessing, dont des résultats mémorables face à Mazembe (0-0 à Kamalondo) et un nul face à Vclub (2-2) au stade Dominique Diur, le technicien Franco-Congolais, Jean-Claude Loboko s’est livré à Footrdc.com dans un entretien exclusif quelques jours après son départ.

FootRDC : Bonjour Coach Jean-Claude

Coach Jean-Claude Loboko : Bonjour.

FootRDC : vous venez de démissionner à la tête de Blessing FC. Que s’est-il passé ?

Coach JC : C’est une question d’affinité technique, tactique et comportementale avec les gens qui m’entouraient. Je ne partage pas la façon de travailler, les mentalités, le comportement. Le travail d’un entraineur ce n’est pas d’attendre de recevoir son salaire à la fin du mois. Je pouvais fermer les yeux et les oreilles et prendre mon salaire à la fin de la saison. J’aime ce que je fais et quand on travaille, on doit se sentir en osmose avec les gens avec lesquels on travaille.

FootRDC : Vous voulez dire que le problème était financier ?

Coach JC : Non, non. Je parle au niveau des gens qui m’entouraient. Je ne vais pas entrer dans les détails mais un club c’est un comité, un staff, et ceux qui sont autour. Je ne vais pas citer les noms et des gens avec qui je n’ai rien avoir. Je ne pouvais pas faire semblant de travailler avec des personnes qi n’avaient pas le même état d’esprit que moi, qui n’ont pas la même définition du haut niveau. Quand on est entraîneur, on se doit d’être exemplaire vis-à-vis des joueurs. Il y a des choses que je supportais depuis le début de la saison et c’était devenu intenable.

FootRDC : Avez-vous parlé avec votre président pour décanter la situation ?

Coach JC : C’est compliqué, avec le président, je n’avais pas de problème. C’est un homme ouvert, d’écoute et qui aime rassembler les gens. Mais, il y a ce qui se passe au quotidien, le président n’est pas avec vous chaque jour. Il y a un problème de formation, Blessing est un club qui arrive au plus haut niveau mais les gens n’ont pas changé leur comportement. 

FootRDC : En début de saison, vous nous aviez confié vouloir bâtir un projet à long terme. Pourquoi être parti si tôt ?

Coach JC : Ce n’est pas par plaisir que je pars en laissant le projet. Avant d’arriver au Blessing FC, j’étais au Qatar, mais je voulais revenir au pays pour ce que je pouvais apporter. Je suis venu pour un projet et qui existe. Mais, pour faire passer ce message au quotidien aux gens qui ne veulent pas évoluer, c’est fatiguant.

FootRDC : Donc votre environnement n’avait pas la mentalité qu’il faut pour le projet de Blessing ?

Coach JC : Tout à fait. Je ne pouvais pas changer le gens, seul contre tous. J’ai senti que les gens n’étaient pas sincèrement avec moi, ne parlaient pas le même langage que moi. Plutôt que de rester à supporter et attendre la fin du mois, autant partir.

FootRDC : Ces gens-là que vous ne citez pas, ils sont dans quel cercle au sein du club ?

Coach JC : Je n’avais aucun problème avec le comité. Il y a certains membres du staff technique, notamment, qui n’avaient pas la même vision que moi. Il s’agit d’un problème de méthode de travail. Je ne pouvais pas imposer mes méthodes aux gens qui ne voulaient pas adhérer.

FootRDC : Vous a-t-on privé de votre pouvoir d’entraîneur à Blessing ?

Coach JC : Je ne suis pas là pour faire virer les gens, j’ai une autre mentalité. Je préfère laisser la place à ces gens qui ne voulaient pas partager ma vision plutôt que de forcer la main. Peut-être qu’eux sauront amener ce projet-là. S’ils sont capables d’amener Blessing à un autre niveau, c’est bien.

FootRDC : Comment est-ce que vous avez annoncé votre départ au sein du club ?

Coach JC : Le président a été déçu parce que c’est quelqu’un qui me faisait confiance. J’ai discuté avec lui par la suite mais… (Réfléchi), j’ai agis de la sorte pour éviter de tomber dans l’hypocrisie de réunion sur réunion et pas du tout sincère de la part des participants, ça ne servait à rien. Le projet avançait bien et j’ai réussi à amener des partenaires mais tu ne peux pas les amener dans ces conditions-là.

FootRDC : Revenons sur les six derniers mois que vous avez passé à Blessing, Comment les avez-vous trouvé ?

Coach JC : J’ai aimé, tous les jours. Les joueurs m’appréciaient, ils m’appelaient, on était ensemble tous les jours. C’est des enfants qui sont bien, ceux qui ont contribué  à la montée et ceux qui sont venus après. Sur le plan technique, on a bien travaillé mais malheureusement, on se sépare comme ça. Pour avancer, il faut se sentir en phase avec les gens qui vous entourent. En Europe, on accompagne le chef mais ici au Congo, c’est différent, on le combat.

FootRDC : Donc on vous a combattu au sein du club ?

Coach JC : (Rires) Oh ! Si vous saviez ce que j’ai dû supporter (rires). Depuis que j’étais arrivé, je fermais les yeux pour le projet mais quand ça dépassé la limite… Pour moi, ce n’est pas un problème de partir, je peux travailler partout dans le monde.

FootRDC : Vous avez déjà un autre projet en main ?

Coach JC : J’en ai beaucoup. Rien qu’ici en RDC, j’ai eu trop propositions de Ligue 1.

FootRDC : De quels clubs exactement ?

Coach JC : (Rires) je ne peux pas citer (rires). Il y a des clubs de très haut niveau, qui sont très ambitieux et qui attendent d’en savoir un peu plus. Il y a même un club qui m’a proposé d’être dans un premier temps directeur technique et éventuellement emboîter le pas par la suite. Je suis très demandé en Zambie, trois clubs zambiens m’ont soumis leurs propositions dont une proposition en pont d’or mais, je dois tenir compte de ma famille.

FootRDC : Est-ce vous allez prendre la direction d’un club ou c’est six mois sabbatiques ?

Coach JC : j’ai très envie de diriger un club mais il faut prendre tous les paramètres en compte avec ce que je viens de vivre. D’abord, il me faut un staff que j’aurais chois (Rires), pas de contrainte d’une manière ou d’une autre. En plus, maintenant, je ne  vais que trouver des joueurs que je n’aurais pas choisis parce que le mercato est fermé. Donc, c’est le côté négatif. Le côté positif, c’est de pouvoir être quelque part pour pouvoir enchainer la saison d’après. Les propositions ne manquent pas, soyez tranquille. Vous aurez la priorité de savoir où je vais.

FootRDC : Une dernière question. Pensez-vous que les coachs locaux ont du mal à se faire accepter par le public par rapport aux entraineurs étrangers ?

Coach JC : Oui, oui, oui ! Il y’a certainement un complexe. Il y a une rivalité malsaine. Florent Ibenge, qui est mon grand-frère, m’a expliqué la même chose. D’autres qui sont venus de la France, Isaac Ngata par exemple, il dit la même chose. Après, dans les grands clubs, c’est différent parce qu’on vous juge par rapport aux résultats mais dans les clubs en devenir, où vous devez tout mettre en place et les gens n’ont pas la même vision, ce n’est pas facile. Les gens ne sont pas formés parce que ce n’est pas en une semaine que l’on devient entraineur. En France, pour arriver à avoir l’UEFA A, il faut 5,6 voire 10 ans de formation.

FootRDC : Coach Jean-Claude Loboko, merci pour cet entretien. Bonne chance pour la suite.

Coach JC : Merci à FootRDC.

Propos recueillis par Iragi Elisha

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